Que sont les traitements poussés et retenus en argentique ?

21 juillet 2023

Sur un appareil photo numérique, on peut modifier la sensibilité ISO à loisir alors qu’elle est toujours fixe sur un film argentique. En êtes-vous certain ? Grâce à un développement chimique adapté, il est en réalité possible d’exposer un film à différentes sensibilités. 

 

argentique

©Unsplash

Lorsqu’on achète une pellicule photo argentique, son émulsion possède une sensibilité fixe. Ce peut être 50, 100, 200, 400 ou 800 ISO sur les films couleur négatifs ou les diapositives, quand certaines références de négatifs noir et blanc peuvent même atteindre 3200 ISO. Cette valeur correspond à la sensibilité nominale du film et à la valeur qu’il faut régler sur son appareil ou sur sa cellule de mesure de lumière pour exposer correctement ses images en vue d’un développement standard. Mais elle n’est pas la seule utilisable. Et pour bien comprendre ce phénomène, il convient de rappeler en quoi consiste le développement d’un film. 

 

L’action du révélateur 

 

Nous ne rentrerons pas dans les détails de toutes les étapes qui constituent le développement d’un film négatif noir et blanc ou des séquences standardisées C41 et E6 des films couleurs négatifs et inversibles et nous allons nous intéresser uniquement au premier bain, appelé révélateur. Cette étape du développement des films consiste à réduire les ions argent contenus dans le film en de l’argent métallique, opaque à la lumière. C’est également à cette étape que sont créés les colorants du film négatif couleur.  

Les halogénures d’argent étant photosensibles, ceux qui ont été exposés à la prise de vue ont été légèrement modifiés et seront les premiers réduits en argent métallique par le révélateur. La lumière agit comme un catalyseur, maisle révélateur ayant une action continue, si vous laissez votre film pendant très longtemps dans ce bain, il finira par réduire également les autres halogénures d’argent, peu ou pas exposés à la lumière. Par conséquent, la durée de traitement pendant laquelle les films restent dans le révélateur doit être scrupuleusement respectée pour obtenir une image aux densités exploitables. Si elle est trop faible, le film sera sous développé, peu d’argent métallique sera créé et l’image finale sous-exposée. 

L’inverse est vrai avec un surdéveloppement. Ce qui n’est pas souhaitable… sauf si l’on agit intentionnellement pour compenser un défaut d’exposition à la prise de vue. 

 

Les effets des traitements poussés et retenus 

 

Imaginez que vous ne disposez que d’un film de 400 ISO mais que vous avez trop peu de lumière pour exposer correctement vos images. Soit vous devrez utiliser un temps de pose plus long, au risque d’avoir du flou de bougé ou un sujet flou, soit vous devrez sous-exposer toutes vos photos.  

En agissant comme si vous aviez utilisé un film de 800 ISO ou de 1600 ISO par exemple, vos images seront sous-exposées d’un ou de deux indices de lumination que vous pourrez compenser par un développement plus long pour réduire des halogénures d’argent ayant reçu peu de lumière. C’est le principe du traitement poussé qui consiste à corriger une sous-exposition à la prise de vue par un surdéveloppement dans le but d’obtenir des images aux densités correctes sur votre film.  

Le traitement retenu est le procédé inverse : compenser une surexposition à la prise de vue par un développement plus court. Si la solution semble idéale, elle n’est pas sans conséquence sur la qualité d’image.  

Le traitement poussé a notamment pour effet d’augmenter le contraste et la granulation des films avec des résultats qui peuvent fortement varier d’une émulsion à l’autre, sachant que la formulation du révélateur a également une incidence sur cette qualité d’image. Certains photographes éviteront donc cette manipulation périlleuse quand d’autres la pratique au contraire volontiers pour ses effets. Sachez que les traitements poussés et retenus peuvent être pratiqués à la maison comme dans les laboratoires à condition de bien indiquer la valeur du décalage de l’exposition.  

Comme il est impossible d’isoler les vues d’un film avant développement, l’opération devra se faire sur toute la bobine. Contrairement au numérique, on ne peut donc pas choisir la sensibilité utilisée pour chaque vue mais on peut la modifier sur un film entier. 

 

L’école EFET Photographie propose des formations à la photo complètes qui abordent aussi bien les technologies numériques que la photographie argentique. Les élèves la pratiquent en séances de prise de vue et en laboratoire où ils apprennent le développement des films et le tirage à l’agrandisseur. 

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