Ponctuation: légendes urbaines

12 janvier 2016

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Douze photographes sortis de l’EFET exposent à Paris.

Ils sont douze photographes, originaires de huit nationalités différentes et ont en commun d’être récemment sortis de la même école EFET. Par une exposition collective initiée par Lisa Vivier, galeriste, et Dominique Anguise, leur professeur, ils confrontent leurs libres visions de l’existence dans un contexte urbain, prise en des aspects aussi précis et forts que l’apparence, le repère ou l’émotion.
Genre immémorial et promis à un perpétuel renouvellement, le portrait est représenté par cinq auteurs exclusivement féminins : Kelly Castigliolo, Gilar Farjah, et Sonia Lumière sondent en noir et blanc le mystère de l’identité et de l’appartenance, quand Ming Pang et Dahee Zoe reviennent aux critères esthétique légués par les maîtres anciens de la peinture européenne, pendant classique aux orientations post-modernes de Rujia Wang.
La maison, la ville, la polis, considérées comme autant d’enveloppes de l’humanité et de leurs contemporains sont au cœur des recherches de cinq autres jeunes artistes. C’est d’abord, avec Dimitri Levert, un regard interrogé sur une usine en déshérence, dont les traces du travail et de la vie sont promises à l’oubli sinon à la destruction, c’est aussi le regard distant de Dominique Masson sur certaines demeures de bord de mer, signes extérieurs de richesse photographiés comme autant de vestiges de fortunes d’un certain âge d’or industriel. De son retour à son Japon natal, Yurina Nihara s’étonne d’en avoir une perception altérée par ses années passées en Europe. Elle s’inscrit dès lors dans le jeu du reporter étranger à son propre pays pour réaliser de la ville de Kyushu un document d’intention objective, sans tendresse ni caricature. Un peu plus loin, et par le biais esthétique et trivial des lignes roses ou bleue d’une singulière adduction d’eau imposée à la ville de Berlin par une nappe phréatique trop haute, Alain Hoa revisite en esthète la capitale allemande, rendant à l’Est et l’Ouest une forme inattendue de réunification.
Formes et couleurs dominent encore le travail de Pianpian Jin sur les architectures cubiques sinon cubistes de l’habitat grec des Cyclades, juxtaposant ses aplats de couleurs vives et le blanc de la chaux au bleu soutenu du ciel. Double réminiscence enfin chez Alex Alexova qui produit un premier travail, « ADN », relecture d’anciennes photographies de famille par laquelle la jeune photographie entend renforcer la filiation entre ses enfants nés en France et ses racines bulgares, et  « Carré blanc », étude formelle de formes abstraites photographiées, lointain écho au Carré noir de Malévitch de 1915, et ponctuation esthétique d’une œuvre à venir.

Ponctuation: légendes urbaines. La Pop up Galerie de la Favela Chic, 18, rue du faubourg du Temple, du 20 Janvier au 2 février 2016. Vernissage en présence des artistes photographes, mercredi 20 janvier à 19 heures. Tirages réalisés sur papier Canson.

Hervé le Goff

 

Alex Alexova est née en 1974 à Blagoevgrad en Bulgarie mais elle se revendique aussi française et parisienne.  Son éducation conduite sur fond d’idéologie communiste laisse-des traces sur son travail, l’incitant à embellir la réalité ou à chercher à la contourner dans une direction résolument optimiste. Son expérience d’agent de mannequins et ses divers séjours à New York, Milan, Barcelone, Athènes et Sofia ont contribué à exacerber sa curiosité pour l’image, pour le monde et pour l’autre. Elle confie à la photographie dont elle vient de conforter la technique d’’exprimer ce qu’elle ressent et de définir qui elle est.

Kelly Costigliolo est née à Gênes en 1993, de père italien et mère brésilienne, elle passe son enfance entre la campagne italienne et les plages de Rio de Janeiro qu’elle quitte en 2012 pour commencer à Paris ses études en photographie  à l’école EFET. En 2013, elle devient l’assistante d’Enrico Bossan, directeur créatif de Fabrica et commence à collaborer avec l’ONG Watoto Kenya en tant que photographe freelance. Au delà des belles images produites sur le thème de l’évolution d’un pays africain émergent, ce dernier travail la conduit à mener une action éducative au profit des enfants de l’orphelinat de Makobeni.

Gilar Farjah est née en 1986  à Téhéran où elle commence son parcours artistique par le dessin et comme créatrice de bijoux. Titulaire d’une licence de graphisme obtenue à l’université iranienne de Kamalolmolk en Iran, elle décide en 2012 de poursuivre ses études à l’école de photographie EFET à Paris. Sa première formation et la découverte des technologies de l’image ont engendré une vision singulière, à la fois militante et poétique, d’une certaine idée de la femme dans la société iranienne.

Alain Hoa est né à Paris en 1991 et se présente comme un enfant de la diaspora cambodgienne qui a grandi en France. La photographie qu’il pratique depuis 1990 est imprégnée de l’environnement urbain dans lequel il a développé son–regard d’artiste, au cours de ses trois années d’études à l’école Efet mais aussi sous l’influence de l’école allemande de Düsseldorf. C’est donc naturellement qu’il se spécialise vers la photographie d’architecture au sein de laquelle il montre une prédilection pour la ligne sinon pour l’abstraction, comme cela se ressent dans son dernier travail sur la ville de Berlin.

Pianpian Jin est née en 1990 à  Zhejiang, en Chine. Après un  diplôme en communication visuelle obtenue à l’ Université de sciences et technologie de Zhejiang, elle a décidé de venir en France pour étudier la photographie. Actuellement inscrite en troisième année à l’école Efet, elle vit et travaille actualites à Paris, en poursuivant des recherches personnelles fondées sur les éléments de la vie quotidienne, en explorant le trivial au prisme de l’abstraction et d’une vision graphique acquise au cours de ses années de formation en Chine.

Dimitri Levert est né en 1979 et découvre la photographie à vingt ans, dans une pratique argentique et à travers l’étude expérimentale de procédés anciens. Il prend en 2014 une double décision, conforter ses bases en photographie numérique et se consacrer à une carrière d’auteur, notamment sur le passage du temps, sur les traces que laissent déjà notre période contemporaine et l’habitat en déshérence.

Sonia Lumière est née en 1987 à Saint-Petersbourg, Russie. Après de très sérieuses études en Urbanisme-aménagement à l’Université d’Etat d’architecture et de génie civil de Saint-Petersbourg et d’économie et gestion de l’entreprise à Université d’État d’économie et de finance de Saint-Petersbourg, elle décide de se consacrer à l’histoire de l’art et de la musique. Elle s’oriente en 2014 vers la photographie en suivant une formation d’un an à l’école Efet. Son travail procède de son parcours étudiant à facettes multiples pour donner une vision d’auteur particulièrement sensible.

Dominique Masson est né en 1965 en Vendée et a grandi en Mauritanie. Une formation initiale acquise dans la région nantaise l’a conduit à un parcours classique de graphiste  indépendant, travaillant pour différentes agences de communication ou intégrant le service de communication d’une entreprise privée. Se découvrant une passion pour la photographie, Dominique Masson  a commencé à l’expérimenter en autodidacte avant d’entreprendre des études spécifiques à l’école Efet. Attaché à sa région natale et à ses métamorphoses, il lui consacre une grande part de son travail.

Yurina Niihara est née en 1986  à Kagoshima, au Sud du Japon. Après des études universitaires en sciences humaines et une brève carrière de mannequin, elle décide de devenir photographe de mode. La catastrophe de Fukushima est à l’origine de son projet de venir à Paris étudier la photographie. Actuellement en troisième année de formation à l’école Efet, Yurina Niihara compte plusieurs publications magazine à son actif : Flanelle, Kaltblut, Elegant, Sleek, Juste, Bizart ou Institute. Elle a été finaliste du Grand Prix Photo 2015 de Saint Tropez et au concours photo pour le festival Petit Clap 2016. Son travail d’abord orienté vers la mode s’élargit sur des recherches sur la ville et sur l’érotisme.

Ming Pang est née en 1990 à Canton en Chine où elle a grandi dans un univers profondément ancré dans l’idéologie communiste. Après ses études de journalisme à l’université de Canton qui lui ont permis de mieux connaître son pays, elle a décidé d’acquérir une formation photographique en France, à l’école Efet. Toujours attachée à ses origines et à la culture chinoise, Ming Pang élargit ses investigations au champ double des cultures orientale et occidentale qu’elle envisage de mettre en dialogue.

Rujia Wang est née en 1990  à Hunan en Chine, et a étudié les nouveaux médias à l’Université du Nord-Ouest de Xi’an pendant 4 ans. Elle est arrivée en France en 2013 pour y apprendre la photographie à laquelle elle voue depuis longtemps une profonde passion. Après une année à l’Université de Cergy-Pontoise qui lui a permis de conforter ses connaissances en français, elle a été admise en deuxième année à l’Ecole Efet en 2014, où elle développe une recherche inspirée des divers courants esthétiques occidentaux comme le kitsch ou le pop art.

Dahee Zoé est née  en1994 à Boryeong, enCorée du Sud. Formée en infographie au  Lycée commercial de Daecheon, elle suit une préparation en photographie au Joa Institute de Séoul avant d’intégrer l’école Efet dont elle achève le cycle de trois ans. Son travail se signale par une relecture des canons de la peinture occidentale classique à travers une vision résolument contemporaine.

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